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Banque Centrale de Tunisie : Le taux directeur passe à 8%

 

Comme on pouvait s’y attendre, la Banque centrale a de nouveau relevé son taux directeur. Ainsi, le conseil d’administration a décidé, hier, de relever son taux directeur de 75 points de base à 8%. Comme le soulignent les spécialistes, ce taux est très élevé. Emprunter coûtera encore plus cher aux Tunisiens. Un resserrement monétaire destiné toutefois à tenter de freiner un peu l’inflation.

Les facilités de dépôt et de prêt à 24 heures ont été portées respectivement à 7% et 9%, souligne la BCT dans un communiqué publié hier. La décision entrera en vigueur à partir du 2 janvier 2023.

Visiblement n’ayant pas d’autres options, le  conseil a pris cette décision après l’examen des évolutions économiques et financières récentes et les perspectives de l’inflation. La BCT vise, ainsi, à contribuer à freiner la tendance haussière de l’inflation, pour la ramener à des niveaux soutenables à moyen terme. Autres effets annoncés: protéger le pouvoir d’achat des citoyens, préserver le stock des avoirs en devises et favoriser les conditions pour une reprise économique saine et durable. Le Conseil de la BCT a décidé, également, de relever à 7% le taux minimum de rémunération de l’épargne.

Le conseil de la BCT laisse voir ses inquiétudes profondes autour des risques qui menacent les équilibres monétaires et financiers de la Tunisie, tout en soulignant la nécessité de garantir les financements extérieurs nécessaires aux équilibres des finances publiques et de renforcer la coordination des politiques économiques (policy-mix).

A cet égard, le conseil a affirmé que la Banque centrale continuera à suivre attentivement les développements économiques et monétaires afin d’empêcher qu’une inflation persistante s’installe dans la durée.

La contre-performance des activités extractives pénalise la croissance économique

La BCT fait remarquer que sur le plan national, et après une légère contraction au deuxième trimestre de l’année 2022, un regain d’activité a été enregistré au troisième trimestre. Cette reprise s’appuie sur la bonne tenue des secteurs touristique, du commerce et des industries exportatrices. En revanche, la contre-performance des activités extractives de pétrole et de phosphate continue de pénaliser fortement la croissance économique, et ce, en dépit d’un contexte exceptionnellement favorable marqué par une forte hausse des cours internationaux du phosphate et de ses dérivés.

Parmi les prévisions de la Banque centrale, un taux de croissance économique qui pourrait atteindre 2,2% en 2022.

Pour ce qui est du secteur extérieur, les derniers chiffres confirment le creusement du déficit, établi à -7,8% du PIB à fin novembre 2022, contre -5,3% un an auparavant. Une aggravation du déficit commercial de l’ordre de plus de 25 milliards de dinars pour l’année 2022, contre 16,2 milliards en 2021. Un record alarmant jamais atteint.

Cette situation a fortement pesé sur le stock des réserves de change qui est revenu de 23,3 milliards de dinars ou 133 jours d’importation à fin 2021 à 22,8 milliards ou 101 jours au 30 décembre 2022, indique encore la BCT.

Prémices d’un affaiblissement de l’activité économique mondiale

Du côté des prix à la consommation, le conseil note que l’inflation s’est maintenue sur une tendance haussière pour atteindre un niveau très élevé de 9,8% en glissement annuel, en novembre 2022, contre 6,4% pour la même période en 2021.

Cette situation est générée par l’envolée des prix internationaux des produits de base et de l’énergie, aux répercussions du stress hydrique et à l’ajustement à la hausse de certains prix administrés, tels que le carburant. Une situation globalement très préoccupante.

La principale mesure de l’inflation sous-jacente «inflation hors produits alimentaires frais et produits à prix administrés», poursuit une augmentation de l’ordre  de 9,1%, en novembre 2022, contre 6% une année auparavant. L’inflation revêt ainsi un caractère persistant.

Sur le plan international, les prémices d’un affaiblissement de l’activité économique mondiale se font ressentir ces derniers mois dans la plupart des économies avancées, sous l’effet notamment des retombées du conflit russo-ukrainien.

Sur un autre plan, alors que l’incertitude autour des évolutions futures des prix des produits de base et des matières premières demeure élevée, l’inflation connaît une relative détente, bien que ses taux demeurent sur des paliers historiquement élevés.

Le risque de composer avec des taux d’inflation durablement élevés, en perspectives, a poussé la plupart des banques centrales à poursuivre le cycle de resserrement monétaire en augmentant les taux directeurs, tout en indiquant que de nouveaux relèvements restent possibles tant que l’inflation persiste, prévient encore la Banque centrale.

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